Cléopâtre... Voilà un nom mythique entre tous. Sa légende est si illustre, si puissante, si intense, qu’on pourrait croire qu’il s’agit du récit épique et lyrique des ultimes feux d’Aphrodite, déesse de l’Amour, mais que son mythe, au lieu de naître au temps et sous la plume d’Homère ou d’Hésiode, l’aurait été sous celle de Plutarque, de Dion Cassius ou d’Appien.
Mais, du personnage historique, qu’en savent en vérité la plupart de ceux qui connaissent le mythe, celui de ses amours avec César, puis Marc Antoine, et enfin son suicide sous le dard d’un aspic ? Bien peu de choses, certainement.
Certes, l’Histoire nous aide peu, car des documents d’époque sur Cléopâtre, nous n’en possédons que quelques-uns. La faute à ce qu’elle fut vaincue par Octavien, le futur Auguste, et le vainqueur ne s’est donc guère soucié de conserver des traces de la vaincue, mais bien plutôt de les effacer. Les biographies que nous ont léguées les historiens anciens sont, finalement, assez succinctes, pas toujours très fiables. La faute, là encore, à ce que l’histoire soit écrite par les vainqueurs, comme le veut la formule.
De son amant César, on peut connaître le nom d’une bonne partie de ses lieutenants durant la conquête de la Gaule, savoir qui étaient ses adversaires à Rome, ce qui s’y déroulait durant qu’il était occupé à conquérir la Gaule. Les noms de tous les Romains de premier plan de cette époque sont connus, leur généalogie de même. Enfin, de nombreux détails sur la vie quotidienne à Rome sont aussi connus, que ce soit par les historiens antiques, ou l’archéologie.
On pourrait donc dresser une chronique, année par année, ainsi qu’un tableau détaillé de la vie quotidienne de la Rome de César. Pour l’Égypte de Cléopâtre, c’est impossible. À l’exception de quelques noms que l’histoire a retenus, nous ne savons qui étaient ses proches. Nous ignorons le nom de ses « ministres », de ses généraux ou amiraux, de ses ambassadeurs, ainsi que des philosophes, peintres, sculpteurs, poètes qui auraient pu fréquenter sa cour. Quelles étaient les grandes familles de l’Alexandrie de l’époque ? Leur généalogie, leurs représentants éminents, la situation de leur demeure aristocratique ? Nous savons qu’elles existaient, mais nous ignorons pratiquement tout d’elles. De même, nous savons qu’il y eut une opposition à Cléopâtre. Ainsi lorsqu’elle revint, vaincue, de la bataille d’Actium. Des têtes tombèrent, des fortunes furent confisquées. Mais lesquelles ? Aucune idée.
Bien sûr, tout cela n’est pas totalement la faute au « méchant » Auguste qui aurait voulu effacer toute trace de Cléopâtre (ce qu’il n’a d’ailleurs point fait), mais cela tient aussi au fait que Rome était une république, tandis que l’Égypte de Cléopâtre était un royaume. Dans une république telle que Rome existait un grand nombre de familles aristocratiques, qui conservaient jalousement le souvenir de leur histoire et n’avaient de cesse que celle-ci soit connue. À savoir que les hauts faits de leurs membres soient admirés de tous. De plus, puisque le pouvoir était partagé entre toutes ces familles, avec parfois l’arrivée de familles neuves, les historiens de Rome étaient bien obligés de parler de tout ce beau monde, qui a laissé, de plus, un grand nombre de témoignages archéologiques. Mais dans l’Égypte de Cléopâtre, il n’y avait a priori qu’une seule personne qui comptait : le roi, ou la reine (ou les deux). Sauf pour leur octroyer une récompense, le roi n’avait aucun intérêt à célébrer les hauts faits de ses sujets. S’il y avait une victoire, il fallait en féliciter le roi, même s’il ne commandait pas l’armée. Une bonne récolte ? C’était encore par la grâce du roi (et des dieux). Dans le régime monarchique, il n’est pas place à la concurrence, personne dont on puisse tolérer que sa gloire fasse de l’ombre au monarque. Le surintendant Fouquet apprit, à ses dépens, cette dure loi du « c’est moi le roi, et pas toi », après qu’il eut voulu éblouir Louis XIV par son château de Vaux-le-Vicomte. Mais n’était-ce pas une folie manifeste que de vouloir éblouir le Roi Soleil ? Un lointain héritier, somme toute, des pharaons Fils de Ré, autrement dit du Soleil.
Et, mieux encore que Louis XIV qui était roi de droit divin, Cléopâtre était, par son statut de pharaon et la titulature de la cour alexandrine, une sorte de « déesse vivante », à la fois pour ses sujets grecs et égyptiens. Un tel pouvoir divin, encore moins qu’un autre, supporte peu l’opposition et la contestation. Voilà donc, en grande partie pourquoi, de l’Égypte des Ptolémées, dont Cléopâtre fut la dernière représentante nous savons si peu de choses de sa haute société.
Mais de ce royaume composite nous possédons néanmoins une image assez fine, ce qui fera l’objet d’un prochain article sur le « royaume de Cléopâtre ».
Mais, du personnage historique, qu’en savent en vérité la plupart de ceux qui connaissent le mythe, celui de ses amours avec César, puis Marc Antoine, et enfin son suicide sous le dard d’un aspic ? Bien peu de choses, certainement.
Certes, l’Histoire nous aide peu, car des documents d’époque sur Cléopâtre, nous n’en possédons que quelques-uns. La faute à ce qu’elle fut vaincue par Octavien, le futur Auguste, et le vainqueur ne s’est donc guère soucié de conserver des traces de la vaincue, mais bien plutôt de les effacer. Les biographies que nous ont léguées les historiens anciens sont, finalement, assez succinctes, pas toujours très fiables. La faute, là encore, à ce que l’histoire soit écrite par les vainqueurs, comme le veut la formule.
De son amant César, on peut connaître le nom d’une bonne partie de ses lieutenants durant la conquête de la Gaule, savoir qui étaient ses adversaires à Rome, ce qui s’y déroulait durant qu’il était occupé à conquérir la Gaule. Les noms de tous les Romains de premier plan de cette époque sont connus, leur généalogie de même. Enfin, de nombreux détails sur la vie quotidienne à Rome sont aussi connus, que ce soit par les historiens antiques, ou l’archéologie.
On pourrait donc dresser une chronique, année par année, ainsi qu’un tableau détaillé de la vie quotidienne de la Rome de César. Pour l’Égypte de Cléopâtre, c’est impossible. À l’exception de quelques noms que l’histoire a retenus, nous ne savons qui étaient ses proches. Nous ignorons le nom de ses « ministres », de ses généraux ou amiraux, de ses ambassadeurs, ainsi que des philosophes, peintres, sculpteurs, poètes qui auraient pu fréquenter sa cour. Quelles étaient les grandes familles de l’Alexandrie de l’époque ? Leur généalogie, leurs représentants éminents, la situation de leur demeure aristocratique ? Nous savons qu’elles existaient, mais nous ignorons pratiquement tout d’elles. De même, nous savons qu’il y eut une opposition à Cléopâtre. Ainsi lorsqu’elle revint, vaincue, de la bataille d’Actium. Des têtes tombèrent, des fortunes furent confisquées. Mais lesquelles ? Aucune idée.
Bien sûr, tout cela n’est pas totalement la faute au « méchant » Auguste qui aurait voulu effacer toute trace de Cléopâtre (ce qu’il n’a d’ailleurs point fait), mais cela tient aussi au fait que Rome était une république, tandis que l’Égypte de Cléopâtre était un royaume. Dans une république telle que Rome existait un grand nombre de familles aristocratiques, qui conservaient jalousement le souvenir de leur histoire et n’avaient de cesse que celle-ci soit connue. À savoir que les hauts faits de leurs membres soient admirés de tous. De plus, puisque le pouvoir était partagé entre toutes ces familles, avec parfois l’arrivée de familles neuves, les historiens de Rome étaient bien obligés de parler de tout ce beau monde, qui a laissé, de plus, un grand nombre de témoignages archéologiques. Mais dans l’Égypte de Cléopâtre, il n’y avait a priori qu’une seule personne qui comptait : le roi, ou la reine (ou les deux). Sauf pour leur octroyer une récompense, le roi n’avait aucun intérêt à célébrer les hauts faits de ses sujets. S’il y avait une victoire, il fallait en féliciter le roi, même s’il ne commandait pas l’armée. Une bonne récolte ? C’était encore par la grâce du roi (et des dieux). Dans le régime monarchique, il n’est pas place à la concurrence, personne dont on puisse tolérer que sa gloire fasse de l’ombre au monarque. Le surintendant Fouquet apprit, à ses dépens, cette dure loi du « c’est moi le roi, et pas toi », après qu’il eut voulu éblouir Louis XIV par son château de Vaux-le-Vicomte. Mais n’était-ce pas une folie manifeste que de vouloir éblouir le Roi Soleil ? Un lointain héritier, somme toute, des pharaons Fils de Ré, autrement dit du Soleil.
Et, mieux encore que Louis XIV qui était roi de droit divin, Cléopâtre était, par son statut de pharaon et la titulature de la cour alexandrine, une sorte de « déesse vivante », à la fois pour ses sujets grecs et égyptiens. Un tel pouvoir divin, encore moins qu’un autre, supporte peu l’opposition et la contestation. Voilà donc, en grande partie pourquoi, de l’Égypte des Ptolémées, dont Cléopâtre fut la dernière représentante nous savons si peu de choses de sa haute société.
Mais de ce royaume composite nous possédons néanmoins une image assez fine, ce qui fera l’objet d’un prochain article sur le « royaume de Cléopâtre ».
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